Les joies simples

Sa langue, pas loin de ressembler aux dunes de Vasmnyir, circule entre ses dents. Ban sent sa fin venir. Le temps semble s’allonger sous ses paupières, lourdes d’épuisement. Soudainement, le parfum d’une pomme le réveille.
Acidulée, son jus se déverse entre ses dunes tel un torrent. Sa langue, comme un navire, en défie le courant. Il arbore désormais le sourire d’un capitaine éprouvé par les tempêtes. Sourire de courte durée, car l’air est chaud, et le soleil qui était derrière un nuage réapparaît l’arrachant à son délire.

Il est vautré sur le sol de gravier d’un des chemins quittant la capitale.
L’instant d’après l’étreint tendrement, à l’ombre d’une chevelure ondulée. Un autre nuage s’est placé devant l’astre solaire.

Ce marché n’a d’étale que ses illusions, droits de vent, et arrêts de princes. Ce château en ruine s’est construit sur sa renommée et n’a couché que sa fortune. Cette agonie l’agace, la peine lui manque et le traverse en même temps. Le tranchant du remord lui brûle la gorge. Il n’a de place dans ses pensées que celle d’avoir manqué l’occasion de grandir, et de sortir de sa misère. Vivre d’amour et d’eau fraîche, très peu pour lui si l’eau se transforme en vin, et l’amour en conquête.

Comptines

“Le comte descend du bois et vous trouvera, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit, et neuf, et dix, pif !
Le comte descend du bois et vous poursuivra, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit, et neuf, et dix, pif !
Le comte descend du bois et vous attrapera, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit, et neuf, et dix, pif !
Le compte descend du bois et t’éliminera, et un, et deux, et trois, et quatre, paf !”

“Le comte vous a trouvé, son nom est Ororo
Votre destin est scellé, votre mort est pour bientôt”

Étrange, pense Serano, c’est quand même fort violent pour n’être que des comptines pour enfants.

Les voyages dans le temps

Revenir sur les plaines de Vasmnyir avant qu’elles ne soient inondées par le sable et les dunes. Les rivières et les fleuves, véritables veines du royaumes permettent de s’y déplacer au gré du courant, ou à contre sens. Vaemar, sa citadelle, ses alentours peuplés consciencieusement alternent entre maisonnettes et champs de culture. A cette saison, on peut y observer une couverture dorée reflétant la richesse la plus fertile de cette partie du continent.

Les nombreuses guerres ravageant les frontières ? La vie des habitants de cette partie du royaume se fait sans jamais en entendre parler. Ils se sont battu au front pour gagner leur parcelle et maintenant ne pense plus qu’à celle ci. Ne vivent que pour leur sérénité et feraient tout pour la garder intacte.

Les yeux rivés vers le lointain, le magicien voyage silencieusement à travers ses souvenirs.

“Tu vois Antonin, quand je regarde ces dunes de sable, je ne peux m’empêcher de rêver de l’ancien monde et de ses habitants,” dit Serano.

Son vieil ami au chapeau garde les yeux sur l’horizon un temps avant de lui répondre.
“Je regrette les plaines, les rivières, la couleur des champs. En revanche, l’ancien monde et ses habitants ne me manque nullement. Sans être insensible à leur sort, ce grand désert reflète à merveille la richesse de leur dévouement.”

Les voyages dans le temps

Nouvelle scène à découvrir en texte et en image.

Revenir sur les plaines de Vasmnyir avant qu’elles ne soient inondées par le sable et les dunes. Les rivières et les fleuves, véritables veines du royaumes permettent de s’y déplacer au gré du courant, ou à contre sens. Vaemar, sa citadelle, ses alentours peuplés consciencieusement alternent entre maisonnettes et champs de culture. A cette saison, on peut y observer une couverture dorée reflétant…

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Poème

“Épée à la main
Danse au présent

Un courant ascendant
Garde fraîche la cour du temps

La justice ancrée dans la matière
Elle se compte par trois

Bercé par l’agitation
Il crie parfois”

Je trouve prodigieux cette façon qu’ils ont d’écrire et dessiner des choses aussi farfelue les unes que les autres sans jamais se fatiguer. C’est le cinquantième que je trouve de cet auteur, et le sens est encore bien manquant. Je suis pourtant convaincu qu’une clé est dissimulée quelque part.

Le jour où j’ai oublié

La bibliothèque, qui jusque là avait été un refuge pour moi, s’efface peu à peu de ma mémoire. Le hall d’entrée avec son arche ouverte vers l’extérieur face aux première rangées de livres me donne l’impression que le savoir a l’envie de se mouvoir hors de ce lieu. Ces livres soigneusement triés et rangés sur des étagères à perte de vue. Tant vers l’horizon que vers les étoiles dont le plafond, à peine distinguable tant il semble distant, est recouvert en partie.

De ce hall d’entrée démarre une allée centrale. Assez large que pour y circuler en charrette dans les deux sens, elle mène vers une grande salle de lecture. C’est dans cette dernière que je parcours les matières qui m’intéressent, à savoir, l’astronomie, la mythologie et la magie élémentaire. Les ouvrages sont diverses et variés et il est parfois difficile de garder un semblant d’organisation tant leurs nombres tend à grandir au fur et à mesure que j’arpente de nouvelles allées.

Je pourrais ouvrir une nouvelle bibliothèque dans Val Tereigne avec à peine la moitié du nombre de travaux sur l’astronomie que j’ai consulté. Je connais cette matière comme ma poche, et ai cessé depuis longtemps de m’y intéresser. J’apprécie d’ailleurs le clin d’oeil fait à l’étoile du matin au milieu du hall d’entrée et son homologue sur le plafond.

Les essais sur la magie élémentaire sont nombreux mais bien trop lacunaires. D’aucun passés entre mes mains je n’ai pu tirer une information applicable pratiquement. Composés principalement de témoignages accompagnés de poésies et schémas incompréhensibles, je me suis résolu un temps à laisser cette matière de coté pour un temps.

Pour ce qui est de la mythologie, toute les allées aborde le sujet dans au moins un volume d’une manière ou d’une autre. Même les ouvrages sur la magie élémentaire ont pu m’offrir des éclaircissement sur Or, Divin parmi les divins.

Cette bibliothèque abrite une dizaine de moines et à peine plus de novices ce qui remet sensiblement en question la grandeur extravagante de son architecture. Pourtant, le soin et la méticulosité apportés à cette réflexion n’en sont que d’autant plus brillants de justesse quand on sait à quel point chaque espace et chaque temps sont nécessaires à l’avancée ondoyante et individuelle des membres à l’aurore de leur propre Rayonnement.

Aujourd’hui, ce hall d’entrée, cette grande salle de lecture et toutes ces allées et venues des autres apprenants se fondent dans leur conception propre. De ces concepts, ils ne restent plus que l’idée, estompée, lointaine et imperceptible. La flamme du savoir m’a consumé et comme l’encens. Je me diffuse peu à peu, grain après grain, mot après mot. Jusqu’à ce que de moi, il ne reste plus que le souvenir dans la tête de ceux qui ont partagé ma vie, ou plus brièvement croisé ma route.

La chaleur de mon état est indescriptible. Je la vis et en profite.

Poème

Nouveau poème pour illustrer les nombreux essais sur la magie disponible au sanctuaire.

“Épée à la mainDanse au présent

Un courant ascendantGarde fraîche la cour du temps

La justice ancrée dans la matièreElle se compte par trois

Bercé par l’agitationIl crie parfois”

Je trouve prodigieux cette façon qu’ils ont d’écrire et dessiner des choses aussi farfelue les unes que les autres sans jamais se fatiguer. C’est le cinquantième que je trouve de cet auteur, et le sens est encore…

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Le jour où j’ai oublié

Nouvelle histoire sur mon blog pour 30jourpourécrire, bonne lecture =)

La bibliothèque, qui jusque là avait été un refuge pour moi, s’efface peu à peu de ma mémoire. Le hall d’entrée avec son arche ouverte vers l’extérieur face aux première rangées de livres me donne l’impression que le savoir a l’envie de se mouvoir hors de ce lieu. Ces livres soigneusement triés et rangés sur des étagères à perte de vue. Tant vers l’horizon que vers les étoiles dont le plafond, à…

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Le banquet/Le sens de la marche

Orn est un village logé sur le plus haut des cinq sommets d’Agonor. Un escalier interminable, seul chemin praticable, décourage souvent ceux qui évoque l’idée de se lancer dans l’ascension. De plus, ses marches sont souvent glissantes ou en partie manquantes, sans parler des vents violents et glacials des hauteurs.

De par sa position reculée et virtuellement hors d’atteinte, le village d’Orn n’est revendiqué par aucun des royaumes environnants. Les escarmouches lancées à chaque fois qu’un nouveau général un peu trop zélé est nommé à Toreigne ou Val Aereigne aboutissent inéluctablement à l’échec.

Quand des colporteurs un peu plus courageux ou du moins plus expert dans l’art de l’escalade que ces simples soldats font l’aller et retour, ils content aux villageois les dernières nouvelles en incluant, amusés, les déboires de ces généraux en manque de reconnaissance. A croire que l’ascension n’est possible qu’avec une noble intention.

Les Ornéens vivent en autarcie et cela depuis les temps immémoriaux. Ils favorisent l’épanouissement du milieu dans lequel ils vivent et y collectent le strict nécessaire se gardant de constituer quelque réserve que ce soit.

Avant que ce milieu devienne un cadre luxuriant et paisible, il n’était qu’un tas de pierres sur un plateau désolé et éclaté ci et là par un peu d’herbe sauvage et coupante. Selon la légende, un convois de prisonniers d’une cinquantaine d’hommes et de femmes aurait profité du voyage de la prison temporaire de Toreigne jusqu’à la cour de Justice de Val Aereigne pour échapper à la garde l’escortant. Cette dernière les auraient laissé entamer l’ascension du haut sommet sans lancer de poursuite se disant que la montagne se chargeraient de leur délivrer une sentence aussi mesurée qu’un juge de Val Aereigne.

Arrivés sur le premier des hauts plateaux, la quantité limitée de ressources, la faim et le froid les décimèrent à moitié les poussant ainsi à réexaminer leur façon de vivre en groupe s’ils souhaitait individuellement rester en vie. Le choix de la restreinte et du partage des ressources de manières à favoriser le lendemain fut pris à l’unanimité. Quitte à jeûner demain, autant le faire tout de suite. Avec un peu de chance et la volonté des dieux, le prochain repas se fera certainement dans une meilleure abondance.

Les rares animaux encore vivant passant par là furent capturés, nourris autant qu’il fut possible et protégés des éléments afin de repeupler le plateau en faune sauvage et de profiter de leur chaleur pour se garder du froid. Les fruits en nombres quasi inexistants se virent dépouillés de leurs semences afin d’en multiplier les sources. Chaque morceaux de nourriture passait au moins une fois dans chaque bouche avant d’être croqué. Le parfum sur la langue donnait à la tête la satisfaction d’un bon repas et la force de continuer le jeune collectif quelques jours encore.

De ces survivants ne restèrent qu’une quinzaine de personnes. Comme les herbes sauvages protégées du vent par les murets en pierre et la chaleur des animaux, ils commencèrent à voir leur nombres grandir à nouveau. Des arbustes d’abord et arbres ensuite créant au fur et à mesures des jours, des semaines et puis des années, une plateforme plus propice à accueillir la vie semée par le vent et ses créatures.

Cette façon insolite de partager la nourriture a laissé une trace dans la tradition ornéenne. Quand un Ornéen invite un étranger à manger sous son toit, il sert le repas dans un plat unique, avec un seul couvert qui passe de bouche en bouche plutôt que la nourriture elle même. Cette tradition est descendue jusqu’à Toreigne et en particulier lors du banquet du festival des Cinq Sommets.