Les joies simples

Sa langue, pas loin de ressembler aux dunes de Vasmnyir, circule entre ses dents. Ban sent sa fin venir. Le temps semble s’allonger sous ses paupières, lourdes d’épuisement. Soudainement, le parfum d’une pomme le réveille.
Acidulée, son jus se déverse entre ses dunes tel un torrent. Sa langue, comme un navire, en défie le courant. Il arbore désormais le sourire d’un capitaine éprouvé par les tempêtes. Sourire de courte durée, car l’air est chaud, et le soleil qui était derrière un nuage réapparaît l’arrachant à son délire.

Il est vautré sur le sol de gravier d’un des chemins quittant la capitale.
L’instant d’après l’étreint tendrement, à l’ombre d’une chevelure ondulée. Un autre nuage s’est placé devant l’astre solaire.

Ce marché n’a d’étale que ses illusions, droits de vent, et arrêts de princes. Ce château en ruine s’est construit sur sa renommée et n’a couché que sa fortune. Cette agonie l’agace, la peine lui manque et le traverse en même temps. Le tranchant du remord lui brûle la gorge. Il n’a de place dans ses pensées que celle d’avoir manqué l’occasion de grandir, et de sortir de sa misère. Vivre d’amour et d’eau fraîche, très peu pour lui si l’eau se transforme en vin, et l’amour en conquête.