J’entasse les couverts jusque derrière l’écran.
Je rêve du chalet au bord du lac. Il est petit, chaleureux. Je m’éclaire à la bougie. La nuit je regarde les étoiles sur un banc remis à neuf, dans le jardin. Enfin, mon bois
Mon bois ? Non, le bois. Celui que je partage avec une chouette. Elle chante parfois la nuit.
En attendant je reflète la défaite. Comme un miroir brisé que personne ramasse. Je continue à me lever, l’intrépide intuition que si je ne répond pas à l’appel de la vie, elle me laissera de coté.
Aussi étrange que cela puisse paraitre, le lac est pas si grand. Mais il rayonne, en été. En hiver il patine, avec ses étoiles de surface. Il vit et me murmure parfois qu’il est heureux, qu’il y a longtemps il était tout seul avec les plaines de toute part. Qu’un jour un dragon était venu terminer ses jours à son coté.
J’ai vite fait de croire que tout est facile, et que simplement tout est fait pour m’emmerder, me créer des problèmes. Problèmes dont je prie l’existence pour entretenir mon abondance d’expériences. Insensé ?
Il était grand, et lourd. Conscient que sont temps touchait à sa fin, il avait choisit l’endroit propice à son changement de corps. Sa carapace rocheuse s’effritant par endroit, créait déjà …
J’arrive pas à réfléchir
C’est la musique ?
L’aspirateur est sur le coté. On dirait un de ces robots sorti de la guerre des étoiles. Presque uniquement là pour décorer. Utilisé parfois quand vraiment, il me pousse devant la nécessité.
Il avait laissé place à un amas rocheux surmonté d’un grand chêne. Majestueux, il avait été le premier autour du lac. A l’heure où j’écris, le lac est entouré de bois.
J’aime à penser que rien ne vas, que tout file. Comme un mur qui lié par des fils de laine rouge, avec aux bouts des épingles, liant ainsi tous les détails de l’affaire. C’est clair, il est coupable, mais comment l’atteindre. Intouchable, introuvable, il vit sans être là. Caché derrière. Un nuage, une tempête qui tombe en petits bouts.
Dans le chalet, je ne vis pas, je n’existe pas. Mange, bois, dors. Oublié, vidé, complet, arrêtez de penser. Ayez.
Alors je m’arrête. Je m’arrête de regarder Facebook, youtube, twitter. De rafraîchir chaque page pour la dixième fois aujourd’hui ce soir. Rien de neuf, je le sait. Et même si c’était le cas. Rien de neuf qui fera changer quoi que ce soit. Je le connais le problème , il vient de moi, je fais je veux rien, ou plutôt j’ose pas. J’ai peur de commencer. J’aime pas commencer. Tout ça me fait penser, me fait crier de l’intérieur. J’ai le sang qui fait tout le tour, une centaine de fois, d’un coté à l’autre du corps. Mais pas dans les pieds. Il a beau faire ving degré, il faut croire que je les préfère gelés. Allo le corps tu peux t’occuper de moi ? Car le mental, il a lâché l’affaire ce soir. Aussi si je pouvais compter sur toi, ce serait déjà ça.
Le mental est pas totalement hors d’atteinte m’explique le corps, qui sans me demander m’entraine dehors. Alors je regarde les étoiles en attendant un dragon, sur un banc, remis à neuf, dans le jardin.