6 lignes – Jour 79

amorcepour6lignes:

J’en ai marre !

J’en ai marre ! J’en peux plus de lire cette histoire. Elle commence toujours avec une ou deux phrases pleines de charme, comme tendant une main l’air de rien. Moi, bonne pomme, je l’attrape toujours, confiant. Ainsi, les premières pages se dérobent quand se termine la nuit, sans bruit. Quand je me réveille, il est trop tard. Les derniers mots sont brûlés dans ma mémoire. Comble du comble, je fini par l’écrire. Enfin, seulement ce que j’ai gardé malgré moi. La fin.

J’en ai marre ! J’en peux plus de lire ses histoires. Il me rend
complètement folle. Elles commencent toujours par une ou deux phrases
pleines de charme, et moi je souris bêtement en lui tendant la main
l’air de rien. Car je sais que la suite est décevante. Je prends pas le
temps de lire, vraiment, je peux plus. Je lui sers juste un verre, puis
deux, puis trois, et il s’effondre. Ensuite je brûle les pages de son
carnet. Je m’en vais en laissant un mot sur la table basse. Finis !

6 lignes – Jour 78

amorcepour6lignes:

Elle marchait dans les vapes.

Elle marchait dans les vapes. C’était une seconde nature chez elle, d’être tête en l’air. Mais depuis peu, c’était tout son être qui criait à lune. Sa voisine lui avaient posé la question en rigolant. Seulement, non, elle n’était vraiment pas amoureuse. C’était une bonne partie du problème. Elle le retournait dans tous les sens, et rien ne venait. Elle devrait bien en parler un jour ou l’autre. Surtout si elle continuait à confondre le lit de son compagnon avec celui du voisin.

6 lignes – Jour 77

amorcepour6lignes:

La dame en gris me tendit une tasse.

La dame en gris me tendit une tasse. Je l’attrapai d’une main et
lui tendis la monnaie

de l’autre. Cette ancienne caravane convertie en salon de thé ambulant était devenue mon nouveau refuge. L’eau bouillie associée aux différents thés qu’il était possible d’y consommer se transformait en breuvage légendaire. Chaque gorgée rendait la clarté du jour même aux nuit les plus sombres. Cette dame produisait par son art un résultat plus qu’enchanteur.

6 lignes – Jour 76

amorcepour6lignes:

Il souriait goguenard derrière son verre.

Il souriait goguenard derrière son verre. Il dégustait la victoire avec une satisfaction évidente. Le contenant de son plaisir formé par le regard vide de son adversaire rendait le repas encore plus savoureux. Comme le dit le dicton La vengeance est un plat qui se mange froid. Et là, Samuel avait passé ses dernières années à analyser les déplacements des différentes pièces ainsi que les stratégies associées. Tout était prévu, jusqu’au dernier coup, en plein cœur.

Alors que son verre était aussi vide que sa mission. Il sentait doucement la vie le quitter à son tour. La femme qui lui avait porté préjudice, des dizaines d’années auparavant, gisait sur le siège derrière la table d’échec. Tout comme son roi, elle était tombée par manque de clairvoyance. Leur relation avait débuté très vite après l’incident. Elle l’avait frappé au cœur, presque d’une flèche, et il comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce, un jour ou l’autre.

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Je pensais pas écrire ça un jour, mais,
n’hésitez pas à me faire un retour en commentaire ou par message privé !
Ou tout simplement mettre un pouce si vous avez apprécié mais n’avez
vraiment rien à dire

=)

Et Merci à ceux qui le font déjà 😀

6 lignes – Jour 75

amorcepour6lignes:

Nous venions d’acheter du café.

Nous venions d’acheter du café. C’était un peu ridicule comme raison pour se rendre au supermarché. Je m’en rends bien compte. Je crois d’ailleurs que ce n’était pas tellement pour le café qu’Antoine m’avait demandé de venir avec lui. Il paraissait errer dans les rayons, alors qu’il connaissait le magasin comme sa poche. Je pense qu’il avait besoin de sortir. Et moi, je l’avais suivi car tout me semblait mieux qu’écouter l’ennui qui trottait bruyamment sur le mur du salon.

6 lignes – Jour 74

amorcepour6lignes:

J’eus un instant de doute.

J’eus un instant de doute. J’étais rentré plus tôt du boulot ce jour là. La veste de Lucie était sur le portemanteau. Ce qui, avec son horaire et le caractère de sa chef, m’étonnait un peu. Ce qui m’a encore plus frappé, c’est de la retrouver dans notre lit prétextant vouloir faire la sieste. Au beau milieu de la journée ?! c’est là que j’ai entendu le chien du voisin aboyer. J’ai regardé par la fenêtre et, derrière notre haie, dans le jardin du voisin, courait un homme entièrement nu.

J’eus un instant de doute. Mais je connais Lucie, c’est impossible qu’elle me trompe avec le voisin. Et puis il aime trop sa femme. D’ailleurs, la voilà. Elle vient de franchir le pas de la porte, l’air furieuse, mais certainement inquiète. Elle a dans ses mains un peignoir et se dirige vers son mari. Le pauvre bougre lui donne encore du fil a retordre malgré sa sénilité. Je repasse voir Lucie. Elle s’est assoupie. Plus douce que la jalousie, quand je lui ai dit, elle m’a sourit.

6 lignes – Jour 73

amorcepour6lignes:

Vous portiez des valises.

Vous portiez des valises. Le cuir lustré des contenants contrastait nettement avec le tissu usé de vos vêtements. Si vous pouviez tromper les gardes de sécurité de la station, moi j’ai l’œil. J’aurais pu les appeler. Néanmoins, il était plus intéressant de vous suivre pour retrouver potentiellement le reste de vos larcins. Je ne m’attendais pas, évidement, à vous voir disparaître si vite, au beau milieu du vide, comme si vous n’aviez été que le fruit de mon imagination.

6 lignes – Jour 72

amorcepour6lignes:

Nous étions nus.

Nous étions nus. Loin des prairies fleuries et cieux aux nuages orangés. Ni mains dans les cheveux, ni baisers langoureux. Nous n’avions pas même un arbre duquel profiter de l’ombre. Le soleil abondant avait repeint la vitrine de nos corps, perdus sur le sable rond du désert. Le teint légèrement halé des fesses de Charline
tirant vers l’or
me faisait reprendre conscience, plus que ce charmant panorama, à quel point ma peau était intolérante au soleil de midi.

Nous étions nus. Comment oublier ? Nous étions parti pour l’autre bout du monde. Chacun seul, chacun de son bout de nulle part, pour la grande aventure. Nous avions pris l’avion, depuis une grande ville, où tout est klaxon, ou rien n’est tranquille. Nous étions arrivé en différé, et malgré nos différences, nous avions atterrit dans le même bar, avec le même guide qui nous montra les même dunes. Ce brigand nous y laissa, en prenant nos fringues et nos tunes.

6 lignes – Jour 71

amorcepour6lignes:

Il partit sous la pluie, vers une bouche de métro.

Il partit sous la pluie, vers une bouche de métro. Cette dernière l’avala tout entier. L’eau n’avait pas rendu le quai glissant. Ce dernier n’était pas non plus particulièrement bondé. L’homme ne semblait même pas pressé. Au contraire, il marchait plutôt lentement pour un citadin. Il avait payé son ticket à l’entrée, et validé à la borne. Quand la rame était arrivée, il avait eu le temps de la voir sortir du tunnel. Je ne sais pas pourquoi il a crié. Peut être était-il juste fâché.

Moi j’ai couru vers lui. J’ai cru qu’il allait sauter. Je me suis jeté sur lui comme si je devais sauver mon fils. Le gars devait pourtant avoir l’âge de mon père. Je lui ai crié dessus au moins une ou deux secondes qui m’ont parues être une éternité. Puis je l’ai aidé à se relever. Il paraissait un peu désorienté. Je lui ai expliqué que j’avais mal interprété la situation et me suis excusé. Il a ri et puis m’a confié “J’auditionne pour le rôle d’un amant qui vient de se faire quitter”.

6 lignes – Jour 70

amorcepour6lignes:

Je les plains.

Je les plains. Je n’ai pas eu la chance de certains, de savoir immédiatement ce qui me ferait plaisir d’avoir ou d’être. Car il faut être, ou avoir, quand je les vois. Une famille. Heureux. Avoir ou être. Être ou avoir. Si je n’ai pas d’être je serai mon avoir. Non. Je ne serai ni être ni avoir, mais je continuerai à chercher à savoir. Si je n’ai pas d’idéal réalisable à atteindre. Je le fabriquerai de mes propres mains. Hors eux sont coincés dans les idéaux de leur génération usée.

Je les plains.