Les joies simples

Sa langue, pas loin de ressembler aux dunes de Vasmnyir, circule entre ses dents. Ban sent sa fin venir. Le temps semble s’allonger sous ses paupières, lourdes d’épuisement. Soudainement, le parfum d’une pomme le réveille.
Acidulée, son jus se déverse entre ses dunes tel un torrent. Sa langue, comme un navire, en défie le courant. Il arbore désormais le sourire d’un capitaine éprouvé par les tempêtes. Sourire de courte durée, car l’air est chaud, et le soleil qui était derrière un nuage réapparaît l’arrachant à son délire.

Il est vautré sur le sol de gravier d’un des chemins quittant la capitale.
L’instant d’après l’étreint tendrement, à l’ombre d’une chevelure ondulée. Un autre nuage s’est placé devant l’astre solaire.

Ce marché n’a d’étale que ses illusions, droits de vent, et arrêts de princes. Ce château en ruine s’est construit sur sa renommée et n’a couché que sa fortune. Cette agonie l’agace, la peine lui manque et le traverse en même temps. Le tranchant du remord lui brûle la gorge. Il n’a de place dans ses pensées que celle d’avoir manqué l’occasion de grandir, et de sortir de sa misère. Vivre d’amour et d’eau fraîche, très peu pour lui si l’eau se transforme en vin, et l’amour en conquête.

Comptines

“Le comte descend du bois et vous trouvera, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit, et neuf, et dix, pif !
Le comte descend du bois et vous poursuivra, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit, et neuf, et dix, pif !
Le comte descend du bois et vous attrapera, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq, et six, et sept, et huit, et neuf, et dix, pif !
Le compte descend du bois et t’éliminera, et un, et deux, et trois, et quatre, paf !”

“Le comte vous a trouvé, son nom est Ororo
Votre destin est scellé, votre mort est pour bientôt”

Étrange, pense Serano, c’est quand même fort violent pour n’être que des comptines pour enfants.

6 lignes – Jour 72

loup-venant:

amorcepour6lignes:

Nous étions nus.

Nous étions nus. Loin des prairies fleuries et cieux aux nuages orangés. Ni mains dans les cheveux, ni baisers langoureux. Nous n’avions pas même un arbre duquel profiter de l’ombre. Le soleil abondant avait repeint la vitrine de nos corps, perdus sur le sable rond du désert. Le teint légèrement halé des fesses de Charline
tirant vers l’or
me faisait reprendre conscience, plus que ce charmant panorama, à quel point ma peau était intolérante au soleil de midi.

Nous étions nus. Comment oublier ? Nous étions parti pour l’autre bout du monde. Chacun seul, chacun de son bout de nulle part, pour la grande aventure. Nous avions pris l’avion, depuis une grande ville, où tout est klaxon, ou rien n’est tranquille. Nous étions arrivé en différé, et malgré nos différences, nous avions atterrit dans le même bar, avec le même guide qui nous montra les même dunes. Ce brigand nous y laissa, en prenant nos fringues et nos tunes.

J’ai reçu des nouvelles de Charline. Loin du sable rond du désert, son panorama, cette fois aux couleurs de l’hiver, baigne dans un lac gelé d’un autre bout du monde. Je souris en repensant à notre aventure dans le désert et devant son sourire sur cette photo. Il semble m’être destiné. La photo est datée du quatre Août. Mon téléphone vibre sur la table et quelqu’un frappe à la porte. Je regarde l’écran. L’icône d’un message s’est installée en haut à gauche après celle de mon alarme. Mon cœur fait un bon. Je l’ouvre.

“Votre changement d’opérateur est en cours. Bienvenue chez …”

Mauvaise digestion

Le temps est à la réflexion
Et mon ventre en sait quelque chose
J’ai atteins des sommets cette nuit
La couverture en témoin, si j’écarte la lune
La fenêtre ouverte, car l’air m’est précieux
Entre divagation et malaise, une tranche de sommeil
Trop courte que pour l’appeler reposante
Trop longue que pour la laisser au silence

Entre fruits rouges au matin et pommes frites au soir
Le coupable et sa robe épaisse ne me laisse l’ombre d’un doute
Mon corps affaibli me demande tant bien que mal un peu d’eau
Car même si un lac ne parviendrait à la fin de ma soif
Ma nausée, elle, ne souhaite pas flotter telle une île
Perdue entre l’estomac et les intestins

Pire, elle, me plaquerait ventre à terre
Me donnant le temps d’un instant l’apparence d’une gargouille
Et contrairement à cette dernière faite de pierre
Je ne cracherais pas de l’eau de pluie

A ceux qui hésiterons ce soir
Entre les nouilles aux légumes faites maison et le fast food du coin,
Ayez une pensée pour cette pauvre andouille
Et soyez plus malin

Amateur – A mon humble avis

Toute création artistique, à tout âge, partagée ou gardée secrète sera pour le sujet qui la découvre, soit-il spectateur, auditeur, lecteur ou que sais-je encore, l’expression brève ou incomplète d’un élan travaillé ou inconscient.

Espérons que l’écoute, le regard, ou le goût de ce sujet soit amateur, car c’est au final lui qui, subjectivement, décide d’y accorder de l’importance.

La transparence/Nocturne

L’obscurité de la nuit donne à Antonin la place nécessaire pour exercer son art sans être dérangé. L’affluence dans Val Tereigne de ceux qui cherchent à louer ses talents ne cesse de croître, tout comme sa notoriété et cela malgré lui. Grâce à de nombreux stratagèmes, il s’était rendu indisponible à ceux qui le cherchaient. Puisque sa boutique changeait chaque jour d’emplacement, il s’était retrouvé avec le surnom de Mirage de Val Tereigne. Surnom auquel il ne prête aucune sorte d’importance. Ils peuvent bien l’appeler l’enchanteur du Grand Barrage, le descendant d’Or ou encore l’horreur des Pieds d’Argrimor, pour lui, l’important, c’est d’explorer la voie mystique et spirituelle de ce monde sous tous ses aspects.

Ce soir, il s’est éloigné de Val Tereigne pour retrouver la forêt de Rongrim, une véritable frontière végétale marquée au sud de la cité Etat. Il est dit qu’à cette période de l’année où le soleil se fait de plus en plus rare et le temps de plus en plus humide et froid, l’esprit des morts est bien plus facile à solliciter. Et plus encore si l’on s’enfonce dans cette forêt.

Antonin, maintenant au centre de Rongrim s’assied par terre jambe croisée. Il sort ensuite de son sac un tissus jaune d’or à motifs brodés impeccablement ainsi qu’un jeu de cartes plutôt atypique. Sur chacune d’entre elles se trouve un arbre, une plante, ou un signe naturel comme la mer.
Une fois le tissus installé devant lui et les cartes étalées et mélangées faces cachées par dessus, il ouvre à nouveau son sac. Cette fois, il en sort son journal qu’il pose à gauche des cartes. Il sort aussi un livre épais et usé, L’Ancien Oracle des Arbres.

La couverture de cuir est craquelée et semble au bout de sa vie. D’un geste de main et en tenant le livre dans l’autre, Antonin prononce quelques mots à mis voix. Soudain, jaillit de sa main une lumière intense sans être aveuglante, chaude sans être brûlante qui rapidement s’empare du livre qu’il lâche aussitôt. En l’air, le livre s’ouvre et les pages défilent une à une. La couverture qui étaient craquelée se referme, les pages cornées et rongée par le temps se déplient et se parent d’un blanc soigné. En jetant un coup d’œil rapide, le livre à désormais l’air neuf, néanmoins, c’est sans compter sur le contenu qui lui, sans en connaître le contenu d’origine, ne peut être réparé. Quand la dernière page se tourne, la lumière chaleureuse disparaît et le bouquin retombe dans la main d’Antonin qui le dépose à droite des cartes.

Après une minute de méditation, il passe sa main au dessus du jeu éparpillé devant lui. Elle s’arrête sur une carte qu’il soulève et place devant lui face vers le haut. Un sorbier occupe une grande partie de l’illustration. Sur le bas de la carte, un pentacle pointe vers le haut et symbolise la protection. Antonin attrape le bouquin et commence son étude. Quand il trouve enfin la carte qu’il a face à lui, il y voit que le sorbier représente le contrôle de tous ses sens ainsi que la protection contre les enchantement. C’est la première des trois cartes qu’il va pêcher. Elle représente le passé.

Après avoir passé un temps sur la page du sorbier, il décide de piocher sa deuxième carte. Cette fois, un peuplier blanc se trouve au centre de la carte. D’après le livre, inversée, cette carte parle des peurs qui noient dans le vent la voix intérieure de celui qui interroge l’oracle. Antonin tourne les pages et prends parfois des notes dans son journal.

Vient le moment de tirer la troisième et dernière, celle qui représente le futur. Sur cette carte est dessiné un saule. Quand Antonin trouve enfin la page du saule, son visage se durcit. La page est vierge si ce n’est pour le titre, Saule.

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@30jourspourecrire J’sors du cadre ou du moins du temps impartit, je sais. Je te suis reconnaissant pour l’inspiration !

Epée

Serano se réveille. Son demi sommeil semble l’avoir ballotté d’un coté à l’autre du lit. D’ailleurs, sans grand mystère, sa couverture est par terre.

Dehors, le soleil n’est pas encore debout. L’air est froid et humide. Serano sent bien qu’il ne dormira pas plus et se frotte le visage en signe d’abandon. Il se lève, enfile son pantalon et s’entoure la taille avec une ceinture qui porte son épée. Avant de sortir de la chambre, il attrape la sacoche qu’il transporte depuis sa sortie d’Askadi. Dedans se trouve le parchemin concernant l’alliance entre Llon et Toreigne.

Si on en croit la légende, l’union d’Orune avec Ogémor scelle la fin des conflits entre les deux cités. Jusque là, l’histoire correspond assez bien à celle décrite sur le parchemin. Dans le reste de l’histoire, Orune est trahie par l’un de ces conseillés un peu trop attaché au pouvoir et à l’ancien conflit avec Toreigne. Quand Ogémor apprend la mort d’Orune, il entre dans une rage incontrôlable.

“S’ils veulent la guerre, ils l’auront,” dit-il en envoyant par milliers ses troupes dans le tunnel reliant les deux cités. L’attaque est si fulgurante que le conflit ne dure que quelques heures. Au soir du jour de la mort d’Orune, il ne reste de Llon et de ses habitants qu’un tas de pierres et de sang.

Serano descend l’escalier de l’auberge dans laquelle il a passé la nuit. Ce dernier mène à la salle principale qui comporte une cuisine munie d’un bar et

une salle de service avec des larges tables rondes entourées de chaises. Certaines d’entre elles sont déjà occupées par les habitués. Serano remarque que l’un d’entre eux le regarde avec attention. Comme il ne souhaite pas d’ennuis, il fait mine de rien et continue vers le bar derrière lequel se trouve la patronne qui découpe des pommes.

“Je viens régler ma chambre,” annonce-t-il à la femme en déposant comme convenu la veille, cinq pièces de bronze. “Vous faites une compote ?” demande Serano. La patronne ne répond pas, prends les cinq pièces et se remet à faire ce qu’elle faisait avant qu’il ne l’interrompe. Elle paraît impassible et sans âge, ce qui lui inspire une certaine sérénité.

“Dis moi, c’est une bien belle épée que tu as là,” lance une voix derrière Serano. Ce dernier se retourne et reconnaît l’homme qui l’avait regardé descendre l’escalier.
“Tu me la prête ?”

continue l’homme avec un certain amusant dans la voix.

Serano se dirige vers la porte de l’établissement en prenant soin de passer loin de l’homme.

“Hey, où tu crois que tu vas, petit merdeux ?” crie l’homme qui ne semble pas avoir l’habitude qu’on l’ignore.

C’est alors que l’atmosphère devient électrique, littéralement. Serano sens sur sa peau ses poils se dresser. Il sent que la source de cette aura imposante jailli de la femme sans âge.

Il n’en faut pas plus pour calmer l’homme qui se rassied en serrant des dents. “Tu ne perds rien pour attendre,” pense-t-il à mis mots.

Aussitôt, l’air se délie. Serano profite de cette opportunité pour s’en aller et ferme la porte derrière lui.

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So, yesterday I made and recorded a song.
If you liked it (or not, of course), don’t hesitate to react, to comment, to send me a private message or simply share it 😀

Here are the lyrics :

Today there was a girl
From the other flat
The walls are so thin
I heard her crying

I never know
How to react
To simple things
It is a fact

So I did nothing
But listening
She was in her bath
For sure in the dark

The days are passing by
And I don’t hear a thing
Not the bath being filled
Nor the water running

I ran into her the other day
She tried to smile and said
“It’s been some weeks now
I might be just fine somehow”

I’m counting the nights
Cause I can’t sleep
I know she isn’t fine
But she will be, right ?

Today I heard the girl
From the other flat
The walls are so thin
She was still crying

I opened my door,
And went in front of hers
I stood there
For at least an hour

The crying had stopped
Long before I knocked
When she finally opened
My head went just blank

“How can I help you ?”
She asked without a clue
“Hi, I wondered if…” – “Yes ?”
“Am I overdressed ?”

She laugh for the first time
"Well, you know, since I’m…
Inviting you to diner tonight…
Please, will you join me ?”

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Inspired by this song by Dodie Clark

Le bruit

De la musique s’échappe au dessus de la cime des arbres. Elle jailli des instruments des musiciens présents comme l’eau jailli d’une source. Fraîche et entraînante, elle symbolise parfaitement la douceur de cette fin d’été. Cette fraîcheur entraînante se retrouve dans les rubans bleus et blancs accrochés en guirlandes entres les arbres alentours.

C’est avec
le sourire au cœur
que les habitants de Toreigne se tiennent par la main ou la hanche et se lance d’un corps à l’autre au rythme des percussions et des cordes qui vibrent.

Le festival des Cinq Sommets attire chaque année toutes sortes de voyageurs. Il a lieu hors des mur de Toreigne sur le lieu présumé du défi de Costos. Ce défi consistait à prouver que de tous les dieux, il était le danseur le plus apprécié, tant dans sa maîtrise des pas que dans l’art d’inviter à danser.

Il est particulièrement vénéré dans la région, entre autre par ceux qui espère le succès dans leur art ou bien plus simplement dans leur entreprise qu’elle en soit sa nature.

“Encore un festival sans cavalière,” soupire Quam.

“Oh, tu sais ce qu’on dit Quam, souris à la foule et Costos ne tardera pas à t’inviter à danser !” dit Niraneo.

“Si c’était si facile…”

Une jeune femme s’approche. Ses yeux pétillent comme les couleurs de sa robe, et son sourire est loin d’être en poche, remarque Quam. Quand elle est face à lui elle lui demande sans présentation ni détour “M’accorderais-tu cette danse ?”

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